Le monde automobile est en deuil alors qu’on apprenait cette semaine le décès d’un homme plus grand que nature. Idole multigénérationnelle de milliers d’amateurs de voitures dans la Belle Province et même au-delà, il a pavé la voie dans le milieu du journalisme automobile. C’est avec nostalgie que l’auteur de ces lignes se rappelle l’impact de M. Duval sur la passion des véhicules qui anime toujours aussi ardemment le peuple québécois.
Étant trop jeune pour avoir pu apprécier les performances en course de ce pilote chevronné ainsi que l’amorce de sa carrière de journaliste automobile à l’émission Prenez le volant, c’est par sa plume que j’ai connu Jacques Duval. Alors que je feuilletais déjà depuis quelques années divers bouquins sur les voitures en me concentrant davantage sur les images que sur le contenu, c’est du haut de mes 12 ans que j’ai aperçu ce beau grand livre bleu. Il avait pour titre Le Guide de l’auto 2000. Cette bible de l’automobile est devenue alors pour moi, comme pour de nombreux gamins de mon époque, le cadeau des fêtes par excellence!
Ce précieux recueil, outre le fait de rassembler l’entièreté des véhicules du marché, nous présente alors de l’information intéressante, pertinente, complète et accessible à tous. Grâce à ce grand livre qui me suivait partout, j’ai d’abord commencé à apprécier l’automobile au-delà du volet purement esthétique et à en apprendre énormément sur l’histoire, la technologie et l’aspect culturel l’entourant. C’est aussi par cet ouvrage déjà très populaire à l’époque que j’ai développé mon goût pour la lecture et surtout pour l’écriture. Car Jacques Duval souhaitait non seulement démocratiser le milieu automobile, mais il le faisait dans un français clair, simple et surtout impeccable, fruit d’un travail acharné de rédaction. Il savait également aller chercher l’intérêt des lecteurs en ajoutant de la couleur par ses opinions qu’il n’hésitait pas à coucher noir sur blanc dans ses textes. Comme plusieurs garçons jadis, j’aspirait à exercer ce métier si passionnant et faire comme M. Duval. J’en avais d’ailleurs fait la preuve, vers 13-14 ans, en écrivant à chaque mois un petit texte sur une voiture à la suite de mes lectures dans le Guide alors que mon lectorat ne se résumait qu’à mes parents !
C’est aussi par le média télévisuel que l’on a pu suivre ce gentleman de l’automobile toujours aussi pertinent, posé et d’une éloquence assez unique. Encore ici, devant la caméra, Jacques Duval savait captiver son auditoire en utilisant également ses aptitudes de pilote pour pousser les voitures à l’essai à fond de train tout en nous décrivant le tout sur un ton calme digne d’un salon de thé. Des citadines aux sublimes exotiques, aucune de ses interventions n’était sans intérêt, car il savait dire les choses comme elles devaient être dites. Il était donc aussi crédible pour les gens que craint par les manufacturiers.
Avec l’avènement de la mobilité électrique, on aurait pu croire ce père de tous les journalistes automobiles ancré dans son époque, mais sa curiosité pour les nouvelles technologies l’a gardé à l’avant-scène. Ayant légué précédemment les rênes de l’ouvrage qui a fait sa renommée, il signait en 2018 son dernier livre sous le thème de l’électrification des transports.
Aujourd’hui, le milieu du journalisme automobile est presque aussi développé que l’industrie en elle-même. À l’approche de ses 60 ans d’existence, le Guide de l’Auto continue encore et toujours de suivre les préceptes de Jacques Duval en informant efficacement les consommateurs tout en captivant les passionnés de tous âges. Ce leg exceptionnel, fruit d’une longue carrière dédiée à la démocratisation de l’automobile ainsi qu’à la promotion de la richesse de notre langue française résonne aujourd’hui dans le cœur de tous ceux qui ont pu le connaître de près ou de loin.
Merci pour tout et c’est maintenant à notre tour de vous souhaiter bonne route là-haut, cher M. Duval !
Tommy Coulombe
Collaborateur, On Roule au Lac
Crédit photo :
Le Devoir
Tommy Coulombe
Radio-Canada
Le Guide de l’Auto
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