Octobre 1869. L’auteur Jules Verne publie alors le premier tome de ce qui allait devenir l’une des dix œuvres littéraires les plus traduites au monde. Ce roman a pour titre Vingt Mille Lieues sous les mers. On y raconte l’histoire d’un inventeur qui met au point un sous-marin appelé Nautilus pour voyager à travers le monde à l’abris des regards. Curieusement, c’est en renommant ainsi en 2019 son VUS intermédiaire à 2 rangées que Lincoln lui a offert ce début de carrière bien calme à naviguer dans les profondeurs d’un océan d’utilitaires de luxe concurrents avec un style plutôt bien dissimulé.
Après un long voyage de 5 ans pour la première génération, le Nautilus refait maintenant surface avec une spectaculaire mise à niveau. Ce nouveau vaisseau, entièrement repensée d’un pare-chocs à l’autre, nous provient cette fois des mers de Chine, là où il est fabriqué dans la ville de Hangzhou. On Roule au Lac a eu l’opportunité de voyager à son bord le temps de quelques jours et ainsi constater l’ampleur des changements effectués.
TOMBER SOUS LE CHARME
Assurément, c’est d’abord par son look extérieur que le nouveau Nautilus 2024 frappe un grand coup et attire les regards. Que ce soit par ses phares sombres et effilés ou encore les découpes franches et athlétiques de son capot et du bouclier avant, Lincoln sort l’artillerie lourde pour séduire la clientèle. Pour la totale, il suffit de cocher l’option Décor Jet et vous obtiendrez une multitude d’éléments de carrosserie retravaillés et en noir de même qu’une calandre spécifique. Cette large grille, au centre de laquelle trône le logo de la marque est traversée par une fine ligne lumineuse qui vous offre une belle animation d’accueil à l’approche et au déverrouillage du véhicule.
En vue de profil, le charme se poursuit avec le toit et les montants en noir qui font paraître le VUS plus long et élancé et qui cachent habilement les poignées de portières placées en hauteur pour ce look unique et épuré repris de la défunte Continental. Vous prendrez goût à ouvrir la porte à vos passagers! Les immenses jantes de 22 po à motif en hélice offertes avec l’ensemble Décor Jet (21 po standard) complètent avec brio cet aspect premium. Et pour les plus observateurs, on apprécie le rappel des phares avant et arrière au moyen de ces petites lignes gravées dans les jantes et que l’on retrouve aussi au niveau du vitrage vers l’arrière.
En effet, c’est l’homogénéité de l’ensemble de l’œuvre qui rend également le tout si agréable à l’œil. Les feux arrière, sous la forme d’un grand bandeau lumineux, reprennent le style initié à l’avant et sont soulignés par un accent chromé au-dessus duquel on peut lire subtilement (un peu trop peut-être…) le nom de la marque. Il n’y a que les feux de recul qui paient le prix de ce design et se retrouvent tout en bas, donc non visibles par les automobilistes qui suivent de trop près. L’essuie-glace arrière ainsi que les embouts d’échappement font aussi partie de ces pièces habilement dissimulées pour ne pas gâcher le tableau.
Finalement et pour faire taire immédiatement les mauvaises langues et leurs préjugés face au lieu de fabrication du VUS, l’assemblage et la finition, tant à l’extérieur qu’à l’intérieur, sont absolument irréprochables voire meilleur que ce qui se fait chez nous! Il ne vous reste qu’à choisir la couleur extérieure qui offre une palette assez étendue (incluant rouge ou bleu) au-delà du noir ou argent livrés sans supplément.
UN HABITACLE « IMMERSIF »
À l’ouverture de ces élégantes poignées de portières de carrosse, c’est l’élément de surprise de se retrouver dans un habitacle hautement futuriste centré autour de cet immense écran de 48 po qui fait littéralement toute la largeur de la planche de bord. Dès l’entrée des passagers, Lincoln inaugure avec style cet écran « IMAX » par une animation grandiose qui part du « petit » écran central pour s’étendre de part et d’autre dans l’écran géant. 10/10 pour l’effet!
Outre cette technologie (sur laquelle on reviendra), c’est encore ici par de nombreux détails intéressants que cet intérieur diffère de ce que l’on voit ailleurs sur le marché. D’abord, il y a ce volant à deux branches de forme ovale (plutôt que rond) qui, curieusement, parait petit face à la présentation de la planche de bord. Ensuite, au niveau de la console, les touches de transmission PRND font un petit clin d’œil au passé alors que pour sa part, la molette de contrôle du volume de la chaîne audio se présente sous la forme d’un gros diamant. Les quelques touches physiques qui l’entourent, ainsi que dans les portières, rappellent la vocation de luxe du véhicule par leur fini à motif argenté.
Justement, au niveau des portières, Lincoln a poussé l’audace jusqu’à prolonger le fini lustré de l’écran jusque dans le haut des portes ce qui donne un effet assez saisissant, surtout avec les motifs incrustés dont on peut en choisir la couleur. Finalement, pour être bien sûr de ne pas faire comme les autres, on nous offre ce petit 15 secondes de réflexion sur comment ouvrir la portière! En effet, c’est par ce curieux petit levier que l’on doit actionner vers l’arrière que l’on peut sortir du véhicule. Disposition unique, mais absolument pas naturelle. Qu’importe, on est si bien à l’intérieur !
Au-delà de ces multiples curiosités, l’habitacle du Nautilus 2024 respire le luxe tant au niveau visuel qu’au toucher. On y retrouve un agréable amalgame de cuirs et d’insertions de chrome ainsi que quelques touches de plastiques lustrés en noir ou en gris satiné. Les plastiques rugueux se font plutôt rares et c’est tant mieux! L’ensemble Décor Jet ajoute ici un motif intéressant formé de pointillés cuivrés sur la planche de bord. Hormis le noir onyx offert uniquement avec ce groupe d’option premium, il est possible d’opter pour différents duos de coloris avec deux teintes de gris ou encore ajouter un peu d’exotisme avec un mélange de bleu et de noir. Vous pourrez aussi choisir parmi divers types d’insertions (frêne, noyer ou aluminium cuivré) pour compléter le tout.
À bord, le silence règne grâce à une foules d’astuces pour réduire le bruit. On remarque ainsi à plusieurs endroits autour des portières les divers matériaux visant à isoler les passagers du monde extérieur et un contrôle actif de bruit intégré s’occupe de neutraliser les ondes acoustiques résiduelles pour un confort auditif ultime. Bien sûr, ce silence peut être remplacé par une ambiance sonore dont l’expérience sera proportionnelle aux options choisies allant des 10 haut-parleurs de base jusqu’à la symphonie du système audio Revel Ultima 3D à 28 sorties.
Et quand on parle d’ambiance, Lincoln nous offre la totale avec l’arrivée d’un nouveau dispositif de fragrance numérique (en option) qui diffuse un parfum au choix entre Forêt mystique, Azure ozonique ou Violettes du Cachemire. Vous pouvez aussi cocher l’option du rafraichisseur d’air doublé de la surveillance active de la qualité de l’air via un capteur au niveau du filtre d’habitacle. Ce sont deux options essentielles pour les nez sensibles ou pour camoufler vos flatulences aux passagers! Il ne reste ici qu’à choisir parmi 4 toiles de fond d’une qualité graphique étonnante pour cet écran géant ainsi que la couleur de l’éclairage d’ambiance selon l’humeur du moment.
Au niveau des sièges, encore ici, le confort prime et ce tant au niveau de l’assise et du dossier avec un bon soutien que de l’appuie-tête qui peut être réglable de façon électrique avec le plus haut niveau d’options. Pleinement ajustables avec mémoire, les sièges sont chauffants (arrière en option) et ventilés voire équipés d’un système de massage (en option). À l’arrière, les places sont aussi très confortables sauf au centre où l’appuie-bras vient durcir le dossier. L’espace pour la tête et les jambes n’est pas un problème à l’avant, mais pour l’arrière, les passagers de plus grande taille auront un dégagement plus limité au plafond. Au moins, si vous avez coché l’option du grand toit panoramique, ils auront une superbe vue sur le ciel.
Du point de vue des rangements, ils sont assez nombreux et leur taille est suffisante, mais leur accès pourrait être optimisé. Par exemple, il y a de l’espace dans les portières, mais l’ouverture est trop restreinte pour les gros objets. Idem pour la zone de rangement sous la console qui demande une certaine dextérité pour y placer quelque chose. Quant aux porte-gobelets, ils sont bien placés, mais n’autorisent pas les gros formats de bouteilles. Néanmoins, le volume sous le large appui-bras à l’avant est intéressant et on offre même un vide-poche sous celui au centre à l’arrière.
Comme toute personne possède aujourd’hui un (ou plusieurs) appareils mobiles, l’habitacle a été pensé en ce sens avec de nombreuses prises de recharges notamment derrière le dossier des sièges avant. On y trouve aussi en option une prise 110V au centre derrière la console. Pour les passagers avant, la recharge sans fil est disponible de même que la connectivité Apple CarPlay et Android Auto qui fonctionne bien malgré le fait que l’on doive passer par plusieurs étapes de sécurité pour atteindre l’interface de notre appareil à l’écran.
Le Lincoln Nautilus, contrairement à son grand frère l’Aviator, n’embarque que 5 passagers. Toutefois, cela lui permet d’avoir un espace de chargement dans les plus volumineux pour la catégorie avec sièges relevés. On parle ici de tout près de 1000L et l’on peut étendre le tout à 1947L en appuyant sur les boutons dans le coffre qui permettent d’abaisser à distance les 2 sections de la banquette arrière pour un plancher presque plat. Le hayon est très pratique avec son ouverture automatique d’un simple mouvement du pied (en option) ou au moyen d’un bouton près du volant, mais le seuil de coffre est un peu haut pour les objets lourds. Finalement, il est intéressant de noter que Lincoln a opté pour une vraie roue de secours sous le tapis du coffre plutôt qu’un kit de réparation qui n’a pour seul avantage que de sauver de l’espace…
LA MAGIE DE L’HYBRIDATION
L’édition sortante du Nautilus offrait, en motorisation de base, un 4 cylindres turbocompressé de 2 litres d’une puissance de 250 chevaux avec une boîte automatique à 8 rapports. Ce moteur fait encore office d’équipement de base pour la livrée 2024. Toutefois, pour une plus grande réserve de puissance, mais surtout pour une nette amélioration de la consommation d’essence, un léger supplément permet d’accéder au tout nouveau moteur hybride en remplacement de l’ancien V6. Ce duo formé du même 4 cylindres turbo auquel on ajoute un moteur électrique de 134 chevaux fait augmenter la puissance combinée à 310 équidés et 295 lb.pi de couple.
Pour cette version hybride mise à l’essai, les données de consommation sont surprenantes. Alors que le constructeur annonce une moyenne de 7,7L/100km, nous avons pu atteindre autour de 7,5L/100km pour les 250 km parcourus avec le véhicule ce qui est excellent et le place pratiquement au sommet de la catégorie. Il ne lui manque qu’une motorisation hybride branchable pour espérer faire encore mieux. À ce sujet, même si aucune autonomie électrique n’est annoncée, on se rend compte à l’usage que cette technologie optimise le rendement énergétique en éteignant aussi souvent que possible le moteur thermique à l’arrêt, à basse vitesse et en pente descendante.
Lorsque le 4 cylindres s’active à l’arrêt, on ne ressent qu’une légère secousse qui devient imperceptible si son démarrage s’effectue en mouvement. Et même si l’on veut exploiter les performances du VUS, le son qui émane de sous le capot reste assez discret vu l’excellente insonorisation de l’habitacle. Au sujet de ces performances, ce moteur hybride offre assez de souplesse en termes de potentiel, mais les accélérations ne vous colleront pas à votre siège. La dynamique du Nautilus a surtout été pensée pour le confort avec une suspension adaptative qui permet de filtrer les imperfections de la route tout en maintenant le véhicule très stable en virage et en freinage brusque. En fait, le comportement du véhicule cadre parfaitement avec l’ambiance à bord.
En conduite, malgré la technologie hybride sous le capot, la pédale de frein et l’accélérateur s’opèrent de façon fluide et sont facile à doser. La boîte de vitesses à variation continue (CVT) collabore très bien de son côté et on ne sent aucun effet d’élasticité ou de bruit agressant qui sont parfois le genre de contraintes inhérentes à ce type de transmission. Pour ce qui est de la direction, elle s’avère plutôt légère, mais suffisamment précise compte tenu du gabarit du véhicule. Le choix du mode de conduite pourra faire varier d’un cran la réponse à l’accélérateur et à la direction, mais l’effet est subtil.
En conduite urbaine, c’est surtout la forme atypique du volant qui agacera un peu les conducteurs qui ont la mauvaise habitude de manipuler le gouvernail d’une seule main dans les virages aux intersections. En contrepartie, sur la route, et surtout en activant la conduite assistée CoPilot360, la prise en main est idéale peu importe la position. Ce système d’assistance à la conduite est très précis et fluide et n’est pas trop réactif. Il va même jusqu’à décélérer à l’avance à l’approche d’un panneau de limite de vitesse plus basse ou dans un virage plus serré.
Mais il n’égale pas l’expérience que nous avons pu vivre sur l’autoroute avec le mode Bluecruise 1.2 (en option) qui autorise une réelle conduite « sans les mains ». Fonctionnant sur un grand nombre d’autoroutes cartographiées en Amérique, il nous a permis de franchir près de 30 km les bras croisés! On ne nous demande qu’à l’occasion de poser les mains sur le volant pour quelques secondes si le système détecte une quelconque anomalie sur la route (ex. : véhicule adjacent trop près de la ligne au sol). La version 1.2 permet également les changements de voie automatiques par la simple activation du clignotant et l’opération se déroule doucement et efficacement. En fait, si tout est sous contrôle, il ne suffit que de maintenir le regard majoritairement vers la route (le système n’est pas trop exigeant…) pour demeurer passager sur le siège du conducteur!
Pour en revenir au volant, on remarque qu’à l’exception d’un subtil logo à gauche, les touches de part et d’autre sont non identifiées. Surprenant au premier abord, c’est en posant nos doigts sur ces pavés que l’on voit s’afficher devant nos yeux à l’écran le descriptif des boutons pour appuyer sur la bonne touche sans quitter la route du regard. Plutôt ingénieux!
En contrepartie, le système de contrôle de la climatisation, du dégivrage et des sièges chauffants/ventilés ne semble pas avoir été pensé par le même ingénieur. En fait, on doit passer obligatoirement par de petits icones au bas de l’écran central tactile qui lui-même est placé un peu bas par rapport au champ de vision. Sans retour haptique et sans appui quelconque pour stabiliser le doigt, il faut quitter la route des yeux pendant quelques secondes à chaque ajustement. Idem pour les trappes d’aération dont l’inclinaison ne s’opère que par des curseurs sur une image virtuelle de l’habitacle. C’est très original et tape-à-l’œil, mais l’œil doit se concentrer sur la route…
C’est ici l’avantage réel de cet immense écran de 48 po placé juste à la bonne hauteur et qui permet d’afficher la carte de navigation via Google Maps intégré au véhicule. On a d’ailleurs accès à l’ensemble des applications Google ainsi qu’à l’assistant vocal. Quant à la portion de droite de cet écran de taille hors normes, elle est entièrement configurable via 3 zones d’informations dont on peut choisir le contenu (radio, données véhicule, consommation, etc.) et que l’on peut permuter au choix. Pour ceux qui pourraient craindre d’être dérangés par cet écran géant en conduite de nuit, l’arrière-plan assez sombre rend le tout très confortable pour les yeux. C’est même davantage lorsque les étoiles brillent dans le ciel que l’on apprécie le plus l’expérience unique que nous offre cet habitacle futuriste!
L’ART DE SE RÉINVENTER
Même si cette expression a été galvaudée durant la période de pandémie, on ne peut qu’admettre qu’elle sied parfaitement à ce Nautilus entièrement repensé. Aussi bien réussi à l’extérieur qu’à l’intérieur, il ne demande qu’à se faire connaître davantage par une clientèle qui trop souvent ne juge que par le logo sur la calandre. Lincoln devra donc tout mettre en œuvre pour garder cette fois le sous-marin à la surface. Reste qu’avec son look, son confort, son expérience unique à bord, sa motorisation hybride très efficace et son prix relativement accessible face à la concurrence, il ne manque pas d’arguments pour séduire. De plus, pour 2025, le Nautilus se bonifie d’une nouvelle version d’entrée de gamme appelée Première ce qui laissera davantage de possibilités pour équiper le véhicule avec les options désirées selon vos goûts et votre budget!
PRIX DES VERSIONS (modèle 2024)
Ultra Essence : 61 900$
Ultra Hybride : 65 400$
Modèle à l’essai (Hybride, groupe 202A, décor Jet + transp./prép.) : 79 145$
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Texte : Tommy Coulombe
Photos : Tommy Coulombe
Données et informations : Lincoln Canada, Wikipedia
Merci à Beauce Auto Ford Lincoln pour le prêt du véhicule.
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